Les militants qui occupent le site d'un projet de barrage dans le Tarn, émules des adversaires de Notre-Dame-des-Landes, peuvent être expulsés à tout moment en vertu d'une décision de justice rendue lundi, a indiqué la préfecture.
Le projet de barrage de Sivens, près de Lisle-sur-Tarn, donne lieu depuis des mois à une mobilisation faisant écho, en proportions très réduites, à celle contre l'aéroport de la Loire-Atlantique. Avec la construction du barrage destiné à alimenter en eau les exploitations agricoles alentour doit disparaître un réservoir de biodiversité de treize hectares.
La protestation regroupe des associations environnementales recourant aux moyens légaux, mais aussi un petit nombre d'irréductibles qui reproduisent à leur échelle les techniques de harcèlement employées sur la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes. Ils ont mené la vie dure aux gendarmes et tous ceux qui incarnent le projet qu'ils combattent. Un noyau dur d'une dizaine d'entre eux occupent en permanence le terrain.
Un juge a rejeté lundi toutes les demandes présentées par les occupants du terrain, et autorisé « la demande d'expulsion sans délai » formulée par la préfecture, a indiqué cette dernière dans un communiqué. « L'expulsion des occupants illicites aura donc lieu », ajoute la préfecture, sans préciser quand.
Déjà expulsés à la fin de février, les militants avaient immédiatement reconstruit un campement de fortune à proximité.
Les partisans du barrage, parmi lesquels la FDSEA, le défendent comme une nécessité pour sécuriser l'approvisionnement en eau des agriculteurs. Ses adversaires s'émeuvent de la mort d'une zone humide qui abrite 94 espèces protégées, parmi lesquelles des lamproies du Planer, un vertébré primitif en forme d'anguille. Soutenus par le député européen José Bové, ils dénoncent une vision dépassée de l'agriculture.
Leur présence et leur action causent des tensions avec les agriculteurs et les riverains autour de la route départementale 132. La préfète Josiane Chevalier a ordonné vendredi le nettoyage de la route avec l'appui des gendarmes.
Dix tonnes d'encombrants et de déchets comme des palettes ont été ramassés sur et autour de la route, parmi lesquels des bidons d'essence et d'huile et des bouteilles vides, ainsi que des boules de pétanque et des tas de cailloux, a rapporté la préfecture. Interrogée par une correspondante de l'AFP, la préfecture n'a pas voulu dire si elle sous-entendait que ce matériel aurait pu servir à des actions violentes.