Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), dans un avis «relatif aux recommandations sanitaires en matière de consommation d’alcool» rendu le 1er juillet, et publié récemment sur son site internet, considère qu'à ce jour «il n’y a pas d’argument convaincant» qui justifie de remplacer les recommandations actuelles prônant la modération, «en faveur d’une abstinence totale, telles que les recommandations de l’Inca ont pu être indûment interprétées».
En février 2009, à quelques jours de la publication de la brochure «Nutrition et prévention du cancer» de l'Institut national du cancer (Inca), la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait saisi le HCSP pour qu'il expertise les conclusions du rapport collectif publié en 2007 par l'Inca («Alcool et risque de cancers: état des lieux des données scientifiques et recommandations de santé publique»). Selon ce rapport, le risque d'apparition de certains cancers augmente significativement, même avec un verre d'alcool par jour. La brochure destinée aux médecins s'était appuyée sur ces conclusions pour déconseiller «toute consommation d'alcool».
La ministre avait été imitée un mois plus tard, une fois la brochure parue, par le directeur général de la Santé Didier Houssin, qui souhaitait également savoir s'il était devenu nécessaire de modifier les recommandations sanitaires actuelles en matière de consommation d'alcool.
Selon les données de l’Inca et selon les statistiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), il est «impossible au vu de la littérature, d’établir de doses-seuil précises pour les effets de l’alcool», en ce qui concerne le cancer, note le rapport.
«Ce faisant, il est fait le choix de ne pas prendre en compte le possible effet protecteur d’une faible consommation d’alcool sur la survenue de maladies cardio-vasculaires», observe le HCSP, qui recommande de «prendre en compte l’ensemble des effets et impacts potentiels.»
«On ne peut qu’encourager la poursuite des travaux scientifiques, afin notamment de préciser le risque attribuable aux faibles consommations d’alcool en termes de pathologie cardiovasculaire et/ou cancéreuse, et le cas échéant d’examiner la relation bénéfice-risque de la consommation d’alcool à faible dose», conclut le Haut Conseil.
En outre, le HCSP dans ses conclusions suggère «que soient harmonisés les différents messages de recommandation issus d'organismes différents dès lors que ces organismes sont publics». C'est une «condition essentielle à une communication efficace en direction du public», souligne le Haut Conseil. «Cette discordance dans les messages dessert, voire décrédibilise, les objectifs de santé publique», estime-t-il.
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