Le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) inquiète l'interprofession bétail et viande (Interbev). C'est pourquoi elle s'adresse à la commissaire européenne au Commerce, Cécilia Malsmtröm, dans un communiqué du 28 janvier, en présentant les conséquences chiffrées d'une arrivée massive de viandes bovines américaines sur le marché européen.
Déjà, le traité de libre-échange avec le Canada autorise l'entrée de 65.000 tonnes de bœuf dans l'UE, à droits de douane nuls. « Et ce sont donc des quantités beaucoup plus importantes qui devraient être mises sur la table des négociations avec les États-Unis, qui produisent 10 fois plus et exportent 25 fois plus de viande bovine vers l'UE que le Canada », prévient Interbev. Cette arrivée massive de viande d'Amérique du Nord représenterait, pour les éleveurs français, une baisse de revenus de l'ordre de 40 à 50 %.
« Fossé de compétitivité »
« Les viandes américaines importées dans le cadre du TTIP arriveront principalement sur le marché de l'aloyau : celui des « morceaux nobles » issus du quartier arrière du cheptel de races à viandes, le plus rémunérateur pour les éleveurs français, estimé à seulement 400.000 tonnes en Europe », explique l'interprofession. De plus, « il existe un véritable fossé de compétitivité entre les viandes bovines françaises et américaines. » C'est-à-dire qu'il y a de part et d'autre de l'Atlantique des feedlots de plusieurs milliers d'animaux, et des exploitations moyennes d'une centaine d'animaux.
« Notre interprofession n'est pas opposée au libre-échange, tempère Dominique Langlois, le président d'Interbev. Au contraire, notre secteur est entièrement ouvert vers l'international. Néanmoins, au vu de la fragilité actuelle de nos entreprises, c'est bien la survie même de la filière viande bovine française qui est mise en jeu par le TTIP : une filière qui ne doit, en aucun cas, être utilisée comme une monnaie d'échange au sein des négociations commerciales mondiales ! »