Les Faucheurs volontaires d'OGM ont « neutralisé », le 2 avril 2014 à Fontenoy-sur-Moselle, près de Toul (Meurthe-et-Moselle), une plate-forme expérimentale de colzas tolérants aux herbicides, qu'ils considèrent comme des « OGM cachés ». Ils s'étaient déjà attaqués depuis 2009 à des parcelles de tournesol résistant aux herbicides.
La plate-forme détruite, destinée à « vulgariser auprès des paysans » cette culture, est gérée par le Cetiom, « l'un des principaux pourvoyeurs de ces technologies », expliquent les Faucheurs dans un communiqué du 2 avril.
Pour les faucheurs, ce colza a été rendu tolérant « à des herbicides appliqués directement sur les feuilles, et cela par une manipulation génétique protégée par un brevet. Ce sont des OGM obtenus par mutagénèse ». Ce sont donc pour eux des « OGM cachés » car la réglementation les exclut du champ d'application de la directive sur les OGM.
Des arguments rejetés en bloc par le Cetiom qui qualifie cet acte « d'aveugle, incompréhensible et inacceptable ». Dans un communiqué du 3 avril, il regrette que « l'aveuglement » des faucheurs « a entraîné le saccage de tout le dispositif expérimental (1 ha) qui testait toute une panoplie de solutions permettant de répondre aux demandes des agriculteurs lorrains et de nos concitoyens. » L'institut technique rappelle que « la parcelle de Fontenoy-sur-Moselle a été présentée le 20 mars dernier à une centaine de techniciens et de producteurs venus de la Lorraine, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne, la Franche-Comté, l'Alsace et même la Belgique ».
Une technique vieille de 50 ans utilisée en bio
« Les faucheurs entendent dénoncer des variétés obtenues par mutagénèse. Or cette technique bénéficie pourtant aussi bien à l'agriculture biologique que conventionnelle. Elle est utilisée depuis plus de 50 ans et a été largement développée par la recherche publique comme l'Inra. »
« Les expérimentations détruites entrent pleinement dans les objectifs du plan Ecophyto qui vise à réduire et raisonner le recours aux produits phytosanitaires, poursuit le Cetiom. Ainsi, ces essais permettaient aussi de tester de nouvelles techniques de contrôle des mauvaises herbes avec l'introduction de solutions de désherbage mécanique.
Le collectif « Marre des faucheurs » s'est aussi insurgé, le 3 avril dans un communiqué, contre cette nouvelle destruction : « En ruinant ces parcelles, les faucheurs privent les paysans de réflexions nouvelles et d'innovations. »
« Les faucheurs mentent en affirmant qu'il y aurait des “OGM cachés” en France. Ne savent-ils pas qu'il existe un moratoire qui interdit tout OGM sur le territoire ? Les faucheurs ont donc détruit une parcelle conventionnelle à des fins militantes », regrette Fabien Labrunie, du collectif « Marre des faucheurs ».
Et de poursuivre : « Les faucheurs découvrent seulement aujourd'hui la mutagénèse ! Comme si c'était une nouveauté alors que cela fait plus de 50 ans que cette technique a été mise au point. Les agriculteurs biologiques sont d'ailleurs les premiers à utiliser des variétés issues de la mutagénèse ! Les faucheurs sont-ils prêts à détruire réellement les milliers de variétés de légumes français qui en sont issus ? »