Des milliers de personnes ont manifesté le jeudi 29 août 2013 dans les principales villes de la Colombie pour soutenir les paysans qui réclament depuis onze jours un soutien accru au secteur agricole, et de violents heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu à Bogota et Medellin.
A Bogota, des cortèges d'ouvriers, d'étudiants, enseignants et travailleurs de santé ont marché jusqu'à la place Bolivar, dans le centre de la ville, et ont été dispersés par la police anti-émeute.
Entre 40.000 et 50.000 camionneurs se sont joints aux manifestants pour réclamer une baisse des prix des carburants alors que des milliers de petits exploitants miniers se sont regroupés en certains points du pays pour exiger la régularisation de leurs activités.
A Medellin, la deuxième ville du pays, la protestation s'est également terminée par des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, et des journalistes ont été pris à partie par la police, selon un photographe de l'AFP.
Au total, 48 manifestations ont été organisées jeudi dans tout le pays, et 72 barrages entravaient la circulation sur 37 artères de huit régions du pays, selon le ministère de l'Intérieur.
Le président Juan Manuel Santos, qui se bornait jusqu'à présent à vouloir négocier – sans succès – région par région, a officiellement reconnu jeudi que le secteur était « en crise » et a formulé plusieurs propositions dans une allocution télévisée jeudi matin. Les paysans ont « plusieurs arguments et protestations valables », a-t-il reconnu au onzième jour du mouvement. « Nous avons mis sur la table une série de solutions de court terme », a ajouté le président, évoquant des mesures pour contrôler le prix des engrais et des intrants et pour freiner l'importation de produits de contrebande.
Les paysans colombiens ont lancé le 19 août 2013 un mouvement illimité dans l'ensemble du pays avec des manifestations et des blocages de routes. Ils protestent pour réclamer l'établissement de prix planchers pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles.
Les petits agriculteurs veulent aussi des garanties en matière d'accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, une politique favorable aux petites exploitations, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes.
Ils dénoncent également les traités de libre échange signés par la Colombie, qui, selon les paysans, ouvrent la voie à un dumping sur les produits importés et empêchent de subventionner les secteurs productifs nationaux.
Depuis le début du mouvement, des heurts sporadiques entre paysans et forces de l'ordre sur les barrages routiers ont fait deux morts (un policier et un manifestant) et quelque 350 blessés, selon des sources concordantes.