L’ambassadeur de Chine était accueilli à Cognac (Charente) à l’occasion de la deuxième « Journée du cognac », organisée le 22 janvier par le cabinet comptable PWC et le Crédit agricole. Son pays est devenu le premier débouché des eaux-de-vie charentaises. Et devrait le rester grâce à une classe moyenne en pleine croissance.
Bernard Peillon, Jean-Marc Morel et Patrick Piana, respectivement PDG de Hennessy, directeur général adjoint de Martell et directeur général de Rémy Martin, étaient sous le charme de Kong Quan, ambassadeur de Chine en France. La salle pleine à craquer de 700 acteurs de la filière du cognac, invités par le cabinet comptable PWC et le Crédit agricole pour leur deuxième édition de la Journée du cognac, était également conquise.
« Vous avez besoin de la Chine »
Face à l’assemblée, les représentants des plus grandes maisons de négoce ont questionné l’ambassadeur quant aux perspectives de croissance du cognac en Chine. Jean-Marc Olivier, de PWC, avait auparavant planté le décor : « Alors que le cognac ne représente que 2,5 % du marché mondial des spiritueux, loin derrière le whisky, la vodka et même le rhum et les liqueurs, il est bon premier en Chine, où il détient 52 % des parts de marché. »
Certes, le marché des marques internationales est encore petit, puisqu’il ne représente que 1 % de la consommation chinoise. Mais la marge de progrès est d’autant plus grande que « le cognac affiche une croissance insolente », a indiqué Jean-Marc Olivier. Depuis 2009, cette croissance est de 27 % en volume et de 60 % en valeur.
Kong Quan a confirmé que le cognac occupe une place très particulière dans le cœur des Chinois. Lucide et un rien moqueur, il a rappelé aux dirigeants du négoce : « Vous avez besoin de la Chine pour votre croissance et nous, nous avons besoin d’un produit de qualité. » Il a lui-même été de ceux qui ont permis au cognac d’être le premier produit étranger à obtenir une IGP en Chine.
700 millions d’acheteurs potentiels
Après un changement de ses dirigeants il y a deux mois, la Chine compte poursuivre sa croissance, à un rythme cependant moins soutenu que les 10 % annuels des trente dernières années, puisqu’elle vise « seulement » 7 % par an. Un des objectifs est de réduire les inégalités entre villes et campagnes et entre les différentes couches de la société. La Chine compte notamment faire passer sa classe moyenne de 200 à 700 millions de personnes. Une perspective plus que rassurante pour la filière charentaise, puisque cette classe est celle qui consomme du cognac.
« La notion de luxe est très importante dans la société chinoise », a fait remarqué Kong Quan. « Le souhait de pouvoir jouir de ces produits, de la finesse et de la qualité de la vie est très fort dans la classe favorisée du pays. Et cela concerne une tranche de plus en plus importante de la population. »
Bernard Peillon, PDG d’Hennessy, a demandé à l’ambassadeur de Chine si le dialogue très ouvert avec le gouvernement central chinois sur la protection des marques allait se poursuivre. L’ambassadeur a rappelé que la Chine punit désormais la contrefaçon et ce pénalement, a-t-il insisté. « Dans la période de développement rapide que nous avons connue, il est possible qu’il y ait eu des dérives. Mais nous avons modifié la loi il y a deux ans et nous allons continuer dans cette voie et pas uniquement pour le cognac. Nous devons faire en accéléré ce que vous avez fait en 250 ans… »
« Comment va évoluer le luxe en Chine ? » a encore interrogé Bernard Peillon. « Devons-nous être plus au fait de la culture chinoise ? » Selon Kong Quan, la Chine a une tradition des spiritueux de plus de 2.000 ans. « Beaucoup de poèmes qui ont été écrits sur les spiritueux sont extrêmement appréciés et même appris dans les écoles aujourd’hui encore. A vous de rapprocher vos marques de cette richesse historique. »
Jean-Marc Morel, directeur général ajoint de Martell, a rappelé que la Chine et la France ont en commun une relation au temps particulière. Ce temps est un des ingrédients du cognac. Kong Quan a souligné cette similarité entre les deux cultures et rappelé une anecdote. Lors de sa venue en France dans les années soixante-dix, Chou-En Lai, alors Premier ministre, avait donné une conférence de presse. A un journaliste qui lui demandait ce qu’il pensait de la Révolution française, il avait répondu, après un temps de réflexion : « Il est encore trop tôt pour se faire une opinion. »
(Article publié initialement sur www.lavigne-mag.fr)
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