En passe de devenir la première puissance économique du monde, la Chine est « face à un défi agricole et alimentaire majeur », rappelle une synthèse « Grandes Cultures » de FranceAgriMer publiée lundi sur le site de l'office.
La Chine, deuxièmee puissance économique derrière les USA et devant le Japon, va devoir bientôt nourrir une population d'un milliard et demi d'habitants, en exploitant les surfaces agricoles dont elle dispose sur son territoire, afin de satisfaire le modèle de consommation alimentaire de type « occidental » qui s'y développe : la forte progression de la consommation de viande par habitant a déjà nécessité de réorienter une part croissante des terres pour la production de fourrage.
« Cependant, la Chine dispose de moins de 10 % des terres agricoles de la planète, il lui est donc difficile de satisfaire cette demande par sa propre production », souligne la synthèse de FranceAgriMer.
Si la réforme de la politique économique et agricole des années 1970 a finalement permis à la Chine de tendre progressivement vers l'autosuffisance en matière de céréales, ses nouveaux besoins, et particulièrement l'approvisionnement des populations urbaines de plus en plus importantes dont la classe moyenne s'enrichit, font naître une nouvelle dépendance forte vis-à-vis du soja, lequel doit être massivement importé (la Chine capte plus des deux tiers des exportations mondiales à ce jour, précise FranceAgriMer).
Cette dépendance pourrait être « le signe avant-coureur de volumineuses introductions de produits agricoles exotiques en Chine », estime la note de synthèse.
« Le gouvernement chinois est bien conscient de ces problèmes et le douzième plan quinquennal (2011-2015) prend en compte cette inquiétude grandissante de la sécurité de l'approvisionnement alimentaire de la Chine », rappelle le document. Il vise en particulier à rééquilibrer la croissance économique et démographique entre villes et campagne, ainsi qu'à moderniser l'agriculture et améliorer le revenu des paysans afin d'enrayer l'exode rural.
Le pays cherche par ailleurs à inciter et favoriser les investissements à l'étranger pour consolider l'approvisionnement de la Chine, non seulement par sa production intérieure, mais également par la sécurisation des ses apports extérieurs (installation de sites de production ou rachats de terres agricoles à travers le monde (1), investissements laitiers à l'étranger).
« En dépendant toujours plus de l'extérieur pour ses approvisionnements en matières premières, la Chine crée une situation très particulière : rarement un pays n'a autant pesé sur certains segments du marché mondial. Cette configuration inédite ne sera vraisemblablement pas sans conséquences sur l'équilibre du marché mondial des produits agricoles », s'inquiète FranceAgriMer.
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(1) La vaste politique de rachat de terres arables à travers le monde engagée par la Chine ces dernières années concerne, sur le seul continent africain, depuis 2009, plus de 60 millions d'hectares, selon la synthèse de FranceAgriMer.