Avec la sécheresse, les paysans russes voient leurs récoltes s'effondrer. Au total en Russie, ce sont 23 régions, essentiellement situées dans la partie européenne du pays, qui sont désormais placées en état d'urgence.
Et selon le ministère de l'Agriculture, à la date 20 juillet 2010, quelque 9,6 millions d'hectares de cultures avaient été détruits par la canicule, ce qui représente environ 20 % des cultures dans le pays (32% des surfaces semées dans les 23 régions en état d'urgence). « La situation est plus difficile que l'an dernier, a indiqué jeudi la ministre russe de l'Agriculture Elena Skrynnik sur la radio Echo de Moscou.
Le gouvernement prépare un plan de soutien aux agriculteurs d'un montant de 40 milliards de roubles (environ un milliard d'euros) sous forme de crédits à taux avantageux.
Le ministère a d'ores et déjà revu à la baisse ses prévisions de récoltes pour 2010, à 85 millions de tonnes contre 95 millions jusqu'alors, et annoncé que ces pronostics pourraient encore être révisés à l'avenir.
La ministre de l'Agriculture, Elena Skrynnik, a laissé entendre la semaine dernière que les prévisions d'exportations pourraient aussi être revues à la baisse, à moins de 20 millions de tonnes.
La situation est suivie de près par les analystes internationaux, la Russie étant l'un des principaux exportateurs de céréales.
Depuis la fin de juin, « les prix mondiaux sont montés en flèche », remarque Dmitri Rylko, directeur général de l'Institut de conjoncture du marché agricole. « En particulier, les prix du blé ordinaire russe exporté sont passés de 165 dollars à 195 dollars très vite, en l'espace de deux semaines », indique-t-il.
Maigre consolation pour les agriculteurs russes, pour lesquels les pertes en termes de récoltes seront difficilement compensées par la hausse des cours : « Oui, les prix des céréales augmentent, mais par effet de boomerang, les prix des autres produits vont augmenter de façon proportionnelle », souligne Kamiïar Baïtemirov, président de l'Association des fermiers et paysans du Tatarstan, une république russe très touchée par la sécheresse (lire l'encadré).
Des craintes partagées par les autorités russes, qui admettent le risque d'une hausse de l'inflation dès le mois de septembre.
Au Tatarstan, « la majorité des paysans a perdu plus de 70 % de leurs récoltes » Au milieu d'un de ses champs, sous un soleil de plomb, Ilchat Goumerov se désole. Avec la sécheresse et la canicule qui touchent depuis des semaines le Tatarstan – une république russe à majorité musulmane, dont la capitale, Kazan, est située à 800 kilomètres à l'est de Moscou –, il estime déjà avoir perdu les deux tiers de sa récolte. « C'est une catastrophe », dit cet agriculteur propriétaire d'une exploitation de 700 hectares, en examinant ses épis de blé rachitiques, déjà trop secs. « Cette année, je ne vais en tirer aucun bénéfice, cela ne servira que pour le fourrage », explique-t-il. Depuis la fin d'avril, pas une goutte de pluie n'a arrosé ses cultures de printemps, et la canicule atteint des records, avec des températures dépassant depuis plusieurs semaines les 30 °C. La terre desséchée de cette région fertile commence à se couvrir de larges fissures et les plants de céréales, d'ordinaire vigoureux, n'arrivent pas à atteindre leur hauteur normale. Un nouveau coup dur pour ce paysan qui a déjà dû faire face à un hiver particulièrement rigoureux. « Le blé d'hiver que j'avais semé avait déjà été détruit par le gel », raconte-t-il. Ilchat se demande alors bien comment il va pouvoir rembourser ses emprunts. Mais il n'est pas le seul dans cette situation : « Les gens qui cultivent leurs lopins ou nourrissent des bêtes souffrent autant que les petites ou les grosses exploitations », souligne-t-il. « La majorité des paysans ont perdu plus de 70 % de leurs récoltes », renchérit Kamiïar Baïtemirov, président de l'Association des fermiers et paysans du Tatarstan. M. Baïtemirov compte désormais sur des aides du gouvernement local et des autorités fédérales pour faire face à la situation. |
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