A l'issue du conseil spécialisé des céréales du 10 juillet 2013, Olivia Le Lamer, chef de l'unité des grandes cultures chez FranceAgriMer, a indiqué que la production de blé tendre pour 2013-14 devrait s'établir autour de 35,9 millions de tonnes (Mt).
Il s'agit d'un « chiffre prudent », se basant sur un rendement moyen de 71,9 q/ha. « Les récoltes sont en retard et il y a un potentiel de hausse sur ce chiffre. Le marché travaille d'ailleurs actuellement sur des hypothèses plus hautes en termes de production », a souligné la spécialiste. En orge, la récolte française est estimée à 10,5 Mt en 2013.
Du côté des débouchés des céréales à paille, si une pression baissière sur les prix doit être observée au début de la campagne, avec l'afflux des productions de la mer Noire, la France a quelques atouts.
En effet, selon Olivia Le Lamer, « le prix du blé au départ de la France est aujourd'hui plus bas que la plupart de ses concurrents ». Cependant, elle souligne que ces prix ne refléteraient pas la compétitivité des marchandises rendues dans le pays importateur.
Le taux de change pourrait aussi jouer en faveur des exportations européennes, avec l'annonce de la Banque centrale européenne (BCE) d'un prolongement des taux bas sur la monnaie et, parallèlement, la Banque fédérale américaine (Fed) qui ferait l'inverse en ralentissant le rythme de la planche à billets. On assisterait à un renforcement du dollar, face à une baisse de l'euro.
Si les Etats-Unis et la mer Noire devaient venir concurrencer les origines françaises sur certains débouchés à l'exportation, l'Argentine serait beaucoup moins présente sur la scène internationale. « Une forte baisse de la production, passant de 13 à 10 Mt en un an, en raison de restrictions et de taxes à l'exportation », explique cette situation, selon Olivia Le Lamer.
Les blés fourragers pourraient aussi trouver des débouchés vers la Chine car l'origine française est moins chère de 10 dollars la tonne que les maïs locaux. Il serait plus intéressant pour la Chine d'importer du blé français que de faire descendre dans la zone d'élevage du Guangdong du maïs en provenance du nord-est du pays, souligne l'analyste de FranceAgriMer. La Chine pourrait ainsi importer entre 4 et 10 Mt de blé cette année, mais, de l'avis d'Olivia Le Lamer, cela ne devrait pas faire s'emballer le marché.
Enfin, les incertitudes sur les capacités de l'Egypte à importer ses besoins en blé en raison de difficultés financières restent fortes. Des facilités de paiement et des crédits seraient offerts par des pays du golfe Persique, mais aussi la Russie et les Etats-Unis, et faciliteraient, pour les pays exportateurs de céréales, les débouchés vers l'Egypte. La France n'aurait pas pris position sur ce dossier et certains spécialistes pensent que cela ne se fera pas.