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Céréales

La Côte d'Ivoire en quête d'autosuffisance en riz

Publié le lundi 10 août 2015 - 14h48

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Des rizières verdoyantes courent à perte de vue, encadrées par des grappes d'arbres : à Agboville, la Côte d'Ivoire se bat pour assurer sa souveraineté alimentaire, qu'entrave l'agriculture d'exportation et notamment celle du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial.

 

« Ici, nous faisons trois récoltes par an », pour 600 tonnes récoltées au total, se réjouit Siaka Tano, un agriculteur de 42 ans. Un exemple à suivre pour atteindre « l'autosuffisance en riz » dès 2016, le leitmotiv du chef de l'Etat Alassane Ouattara, candidat et favori de la présidentielle d'octobre. En 2014, la Côte d'Ivoire, aux terres si fertiles, a importé 900.000 tonnes de riz, malgré des récoltes record de 1,34 million de tonnes.

 

« On n'a jamais produit autant », se félicite Yacouba Dembelé, le directeur général de l'Office national de développement de la riziculture (ONDR), qui appelle toutefois à davantage d'investissements dans  «la maîtrise de l'eau ». « 85% du riz ivoirien dépend encore des pluies », déplore-t-il, ce qui grève les rendements.

 

Située à une petite heure d'Abidjan, Agboville relève de la carte postale rizicole « made in Côte d'Ivoire ». Un barrage construit il y a des décennies permet une irrigation constante. Des agriculteurs, disséminés dans les rizières, s'affairent, dans le brouhaha des croassements de milliers de grenouilles. Mais leurs efforts sont mal récompensés : « naturellement meilleur » que le riz d'importation car « sans produits de conservation », selon Didier Otokoré, un ancien footballeur de renom actif à Agboville, le riz local est moins blanc que son concurrent asiatique et souvent plus cher, ce qui refroidit les consommateurs. La faute aux subventions allouées aux producteurs en Thaïlande, au Vietnam, aux Etats-Unis, ou encore en Inde, les géants du riz, regrette Mory Diabaté, le PDG d'une entreprise rizicole. « L'Etat ivoirien doit accompagner notre secteur, qui peut créer un million d'emplois », assure-t-il.

 

Un tel coup de pouce permettrait également de rééquilibrer la balance commerciale. L'an passé, la Côte d'Ivoire a importé pour 250 milliards de francs CFA (381 millions d'euros) de riz, soit un quart de ses achats de produits alimentaires de base (1.000 milliards FCFA - 1,5 milliard d'euros, l'équivalent de 20% du budget national en 2015), déplore un cadre du ministère de l'Agriculture.

 

Appât du gain

 

Le pays est pourtant connu pour ses sols fertiles et fait figure de géant vert régional : premier producteur mondial de cacao (35% des récoltes totales) - l'or brun représentant plus de 50% des recettes d'exportation ivoiriennes - la Côte d'Ivoire est également le deuxième producteur mondial de noix de cajou et un des leaders dans l'huile de palme. Le pays produit également du caoutchouc.

 

« Les planteurs se sont laissé appâter par le gain, abandonnant les cultures vivrières au profit des cultures pérennes », déplore Jean-Baptiste Koffi, président de l'Union fédérale des consommateurs de Côte d'Ivoire. « Ils se sont lancé dans des spéculations comme le cacao, plus récemment l'hévéa, alors que la population meurt de faim, avec seulement un repas par jour », poursuit-il. Ce qui a engendré une augmentation des prix et la grogne des Ivoiriens. En 2008, des émeutes de la faim avaient secoué le pays, en raison d'une flambée des prix des biens de consommation, dont le riz, le lait, la viande et le poisson, alors importés à plus de 50%.

 

Sept ans plus tard, nombre d'Ivoiriens dénoncent encore la cherté de la vie dans un pays connaissant une très forte croissance, de l'ordre de 9% l'an depuis 2012. La situation est d'autant plus préoccupante que la population à nourrir croît fortement, avec 5,4 enfants par famille, selon les résultats du dernier recensement communiqués jeudi. La Côte d'Ivoire compte désormais 23 millions d'habitants.

 

Les Ivoiriens vivent aussi davantage en ville. Alors qu'il y a 30 ans, le pays comptait quatre ruraux pour un urbain, ce ratio diminue fortement, ce qui met davantage la pression sur les cultivateurs, note Soumaïla Bredoumy, en charge de la sécurité alimentaire au ministère de l'Agriculture.


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