Le Parlement européen a mis en demeure, mardi, les Etats membres de négocier sur ses demandes s'ils veulent obtenir son accord sur le budget européen pour la période 2014-2020.
Une réunion de crise est organisée ce mardi 18 juin 2013 dans la soirée à Bruxelles entre la présidence irlandaise de l'UE, la délégation du Parlement européen conduite par l'eurodéputé français Alain Lamassoure et le commissaire au Budget Janusz Lewandowski.
« Sans nouvelles propositions de la présidence irlandaise, je ne pense pas que nous puissions aboutir », a averti Alain Lamassoure peu avant le début de la réunion. « Nous avons tenu dix réunions au niveau politique et je suis au bout de ce que je peux dire. Sans nouvelles propositions, je crois que nous aurons épuisé les possibilités de négocier avec la présidence irlandaise », dont le mandat se termine le 30 juin, a-t-il déclaré.
« J'espère que nous pourrons conclure ces négociations. Nous avons fait beaucoup de progrès au cours des précédentes réunions et nous avons besoin d'un accord », a soutenu le chef de la diplomatie irlandaise, Eamon Gilmore, à son arrivée dans le bâtiment où se tient la réunion.
Les présidents des groupes politiques du Parlement européen ne sont pas de cet avis. Ils se sont dits, dans une déclaration commune, « très déçus par le refus du Conseil (les Etats représentés par la présidence irlandaise) de faire des compromis » et ont déploré « l'absence de réel mouvement » dans les négociations. « Au lieu de donner une réponse globale, le Conseil pinaille point par point. C'est très peu satisfaisant », a commenté Alain Lamassoure.
Le Parlement européen a le dernier mot sur le projet de budget européen pour la période 2014-2020 approuvé en février par les dirigeants européens. Sans le feu vert du Parlement, le projet de budget adopté par les dirigeants européen sera caduc. Ce projet prévoit 960 milliards d'euros en crédits d'engagement et 913 milliards en crédits de paiement. Une enveloppe de 6 milliards d'euros doit financer des actions en faveur de l'emploi des jeunes.
« Le Parlement européen compte 754 députés et je n'ai pas la possibilité de mobiliser une majorité de 378 d'entre eux pour approuver ce projet, vu les faibles concessions consenties par les Etats sur nos demandes », a expliqué Alain Lamassoure, président de la commission des budgets du Parlement européen. « Nous avons fait un énorme sacrifice en acceptant de ne pas revenir sur les chiffres des engagements et des paiements », a-t-il insisté. « En réponse, nous n'avons rien obtenu sur nos demandes », a-t-il déploré.
Le Parlement européen réclame une flexibilité maximale pour l'utilisation des fonds, ce qui permettrait d'effectuer des transferts de crédits non utilisés d'une politique à une autre et d'une année sur l'autre. Il veut en outre une révision à mi-parcours de ce budget pluriannuel, afin de le modifier si la conjoncture économique s'améliore. Le Parlement européen a enfin exigé des Etats une rallonge de 11,2 milliards d'euros pour le budget de 2013 alors qu'il reste sur la table 16 milliards de factures impayées pour l'année 2012 et que l'UE est déjà à court d'argent pour certaines actions.
Les Etats ont donné leur « accord politique » pour ajouter 7,3 milliards d'euros, mais ils ont exigé en échange que le Parlement européen approuve au préalable le budget 2014-2020. Cette condition a été dénoncée par les élus comme « un chantage inacceptable ».
En cas d'échec de la réunion, mardi soir, les négociations se poursuivront avec la médiation de la Lituanie, qui va assumer la présidence semestrielle de l'UE à partir du 1er juillet 2013.