Alors que débutaient lundi soir à l'Assemblée nationale les discussions sur le projet de loi de finances pour 2013, près de 400 employeurs de main-d'œuvre agricole (selon les organisateurs), ont manifesté devant le Palais-Bourbon.
Derrière des rangées de CRS, des producteurs de fruits et légumes, des horticulteurs et des viticulteurs ont bravé la pluie parisienne pour exprimer leur colère face au projet du gouvernement de réduire les exonérations de cotisations sur les travailleurs occasionnels.
« Pour un salaire à 1,3 Smic, cette mesure va couter 208 euros de plus par employeur, sans un sou de plus pour les salariés », a affirmé Claude Cochonneau, vice-président de la FNSEA en charge de l'emploi, qui regrette par ailleurs une incitation à « maintenir des salaires à faible niveau ».
« Qu'un gouvernement qui prône le progrès social soit capable de mettre en place des machines à bas salaire, j'en suis horrifiée », a ajouté Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France.
« Nous demandons de revenir au même niveau d'exonération qu'en 2012 », a résumé Jérôme Despey, secrétaire général adjoint de la FNSEA, qui ne veut pas « oublier » les débats actuels sur la compétitivité des entreprises. « Aujourd'hui, on se bat pour les travailleurs occasionnels, mais nous devons gagner aussi sur les permanents ! »
Et à propos de la publication du rapport Gallois sur la compétitivité, qui se déroulait au même moment : « Le gouvernement répond par une augmentation des charges. C'est incompréhensible ! », a commenté Jérôme Despey.
Quelques heures plus tôt, le site internet de l'hebdomadaire Le Point laissait entendre que le gouvernement pourrait mettre en place un crédit d'impôt pour les entreprises, permettant de réduire « d'environ 6 % les cotisations sociales sur les salaires compris entre 1,2 et 2,5 fois le Smic ».
« Nous ne sommes fermés à aucune proposition, a commenté Angélique Delahaye. Mais j'attends de voir quelle mesure simple sera mise en place pour permettre aux employeurs agricoles d'utiliser un tel dispositif. »
Des délégations d'employeurs ont été envoyées dans la soirée auprès des députés, des sièges du Parti socialiste et de l'UMP ainsi qu'au ministère de l'Agriculture, pour poursuivre les discussions auprès des décideurs.
Les manifestants avaient prévu de leur distribuer des fruits et légumes pour les sensibiliser à leur cause. Des chrysanthèmes accompagnaient les paniers. Triste symbole, en cette période de Toussaint.
A télécharger :