Fin des quotas, modifications de la Pac, évolution démographique, renchérissement du prix des intrants... Dans les années à venir, les exploitations laitières vont devoir évoluer pour rester compétitives. Face aux inquiétudes des éleveurs et pour apporter des pistes de réflexion, les chambres d'agriculture de la Bretagne ont mené une étude prospective de la filière laitière à l'horizon de 2025. Elle a été présentée le le mercredi 26 juin 2013 au Lycée agricole de Ploërmel (Morbihan).
Les services économiques et du pôle des herbivores ont planché avec les membres des commissions laitières des chambres et les industriels de la filière. Ces travaux ont permis de dégager cinq scénarios sur la base d'hypothèses d'évolution de conjoncture et dont l'impact a été chiffré en termes de nombre d'exploitations, de surface utilisée et de taille de troupeau.
Le scénario 1 est celui qui se rapproche le plus de la tendance actuelle avec des marchés laitiers porteurs mais volatils. Le nombre d'exploitations passerait de 14.000 (en 2010) à 5.800. Elles auraient une surface de près de 160 ha et une livraison moyenne de 1 million de litres. La production en Bretagne augmenterait de 25 % à condition que les industriels gagnent des parts de marché.
Dans le scénario 2, marqué par un recentrage sur le marché européen, le nombre d'exploitations tomberait à 4.600 avec une surface moyenne de 170 ha, un troupeau de 120 vaches et une production de 1 million de litres.
Le scénario 3 est le plus pessimiste avec une crise mondiale, la filière souffre mais résiste. Il ne reste plus que 4.700 exploitations avec en moyenne 1,2 million de litres. Il faut produire beaucoup de lait par actif à un coût maîtrisé. Mais la Bretagne, compte tenu de ses atouts (climat, sol), pourrait sortir son épingle du jeu.
Le scénario 4 est, quant à lui, destructeur pour la région. Il prend comme hypothèse une flambée des matières premières et le développement d'une politique verte. La concurrence sur le foncier limite la surface à 150 ha et la production moyenne à 600.000 l entraînant des arrêts de production (4.100 exploitations laitières).
Le scénario 5 envisage des marchés laitiers dynamiques et libéralisés. Dans ce contexte plus favorable, le nombre d'exploitations ne diminue que de moitié par rapport à 2010 pour s'établir à 7.000 en 2025 avec une moyenne de 125 ha et une production de 1 Ml.
Quel que soit le scénario, les chiffrages montrent un recul important du nombre d'exploitations bretonnes divisé par deux à l'horizon de 2025 alors que dans le même temps, le potentiel de production de chacune sera multiplié par deux.
La capacité des industriels à transformer et valoriser les volumes de lait supplémentaires, la volonté des producteurs à augmenter le nombre de vaches et la disponibilité de la main-d'œuvre restent des facteurs limitants pouvant infléchir les résultats.
« Malgré l'amélioration de la productivité du travail et l'automatisation, les besoins complémentaires en main-d'œuvre salariée sont importants. De 0,7 à à 1,1 ETP salarié en moyenne par exploitation en 2025 pour les scénarios 1, 2, 3 et 5 », a expliqué Remi Espinasse du pôle des herbivores. La main-d'œuvre sur les exploitations pourrait ainsi devenir le facteur limitant. Conclusion : il faut donner l'envie au producteur de le rester.