«Après une attaque sévère en 2008, nous subissons à nouveau les dommages des cécidomyies orange ce printemps, déclare Antony Héline, de la chambre d'agriculture de la Vienne. D'après nos observations, il semble que le phénomène soit nettement inféodé aux terrains calcaires, et dès que l'on sort du secteur qui s'étend de Poitiers à Thouars, dans les Deux-Sèvres, les dégâts sont moindres».
Le regain d'activité de 2008 a permis une reconstitution du stock de larves de cécidomyies dans les sols qui n'est sans doute pas étrangère à l'attaque de ce printemps.
Responsable du secteur de Neuville-de-Poitou (Vienne), Antony Héline n'en est toujours pas revenu: «Certains soirs du mois de mai, il volait une telle quantité de moucherons au-dessus des blés que cela nous obligeait à fermer les yeux. Inutile de préciser que lorsque ces parcelles ont été mal protégées, les dommages sont très importants. Les comptages effectués ces derniers jours révèlent parfois seulement quinze grains viables par épi.»
Les pertes les plus sévères l'an passé ont atteint 30 q/ha, mais beaucoup de parcelles ont perdu entre 5 et 10 q/ha sans que l'on sache toujours expliquer de tels écarts.
«Il existe indéniablement un effet variétal, avance Michel Bonnefoy, ingénieur chez Arvalis à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher), région également touchée cette année. Des blés comme Apache, Isengrain paraissent plus endommagés que d'autres, alors que certaines variétés semblent résistantes (lire l'encadré). Dans tous les cas, l'important est de surveiller ses parcelles le soir, du début de l'épiaison jusqu'au début de la floraison, lorsqu'un temps calme et lourd succède à des pluies orageuses.
«Dès que quelques cécidomyies cherchent à se poser sur les épis pour pondre, il faut déclencher le traitement sans attendre. Les pyrèthres homologuées fonctionnent bien, mais si les conditions météo demeurent favorables à l'insecte, il est parfois nécessaire de renouveler le traitement cinq ou six jours plus tard car de nouveaux moucherons arrivent et la persistance des insecticides est faible», ajoute Michel Bonnefoy.
Cette pratique est désormais bien connue des agriculteurs de la Champagne crayeuse où la cécidomyie sévit régulièrement. Selon Gérard Briffaux, de l'antenne Arvalis de Châlons-en-Champagne, des pertes de 10 q/ha étaient fréquentes l'an passé entre ceux qui avaient traité leurs blés et les autres.
«Le fait nouveau, ce printemps, est la très large extension du phénomène. Heureusement, cette année, la quasi-totalité des blés a été protégée et nous ne devrions pas avoir de mauvaise surprise», affirme-t-il.
Même constat dans la Somme où Renée Prévost, de la chambre d'agriculture, a remarqué beaucoup de cécidomyies les deux derniers week-ends de mai, qui coincidaient avec l'épiaison des blés.
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Six variétés résistantes Des travaux menés par l'université de Gembloux, en Belgique, en 2008 ont permis de déterminer six variétés résistantes à la cécidomyie (Altigo, Contendeur, Glasgow, Koreli, Oakley, Robigus). Selon ces essais, cette résistance proviendrait d'une production par les grains, à un stade plus précoce que les autres blés, d'acides phénoliques qui inhibent le développement des jeunes larves. |
