Les partisans des biocarburants sont décidemment sur la défensive. Lors du colloque «Impact des biocarburants sur le marché des matières premières», organisé les 25 et 26 septembre à Bruxelles par Agra Europe, les participants ont redoublé d'effort pour repousser les critiques qui se multiplient à l'égard des carburants verts.
C'est tout d'abord Stephane Delodder, de la banque Rabobank, qui a soutenu que «l'impact du développement des biocarburants sur les prix est moins important que ce que l'on entend». Pour cet expert de la finance et des marchés, «c'est le développement du marché mondial depuis 10 à 15 ans qui est responsable de l'explosion actuelle des prix».
La guerre de l'image se mène aussi sur le front du développement durable. Jan van Driel, directeur pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique de Golden Hope, entreprise qui exploite des plantations de palmiers à huile en Malaisie, s'est évertué à démontrer que la production d'huile de palme n'est pas synonyme de destruction de la forêt primaire à grande valeur pour la biodiversité.
Mettant en avant les efforts de protection intégrée, de développement social pour les populations locales et les bonnes pratiques environnementales, Jan van Driel a expliqué que «tout n'est pas rose, mais l'huile de palme n'est pas incompatible avec le développement durable». Un avis vertement contesté par un représentant de Greenpeace présent dans la salle.
La durabilité était également au coeur de l'exposé de André Aranha Corrêa do Lago, conseiller de la Mission du Brésil en Europe. «Comme toute révolution, celles des biocarburants peut générer des conséquences négatives, mais il faut définir des critères de durabilité pour ce secteur, notamment à travers l'évaluation des réductions possibles de gaz à effet de serre», a martelé ce représentant du ministère brésilien.
Selon lui, il est tout à fait possible de développer la culture de la canne à sucre et du soja au Brésil, qui ne représentent respectivement que 0,67% et 2,43% du territoire, «sans menace importante pour la biodiversité», et notamment sans toucher aux zones naturelles protégées, comme la forêt amazonienne. L'enjeu est de taille pour le géant d'Amérique du Sud, second producteur mondial de bioéthanol après les Etats-Unis.
Il reste que certains intervenants ont tempéré les ardeurs des politiques volontaristes de promotion des biocarburants, comme celle affichée en Europe. «L'objectif de 10% d'incorporation en 2020 fixé par la Commission européenne ne sera possible qu'en cas de réel développement des biocarburants de seconde génération», a estimé Jan-Albert Blaauw, de l'entreprise de fabrication d'aliments pour bétail Nutreco. Sans réel développement de cette nouvelle technologie, il sera nécessaire selon lui de revoir ce chiffre à la baisse.