«Pourquoi, Monsieur le ministre, remettre en cause dès la première année la fiscalité des biocarburants», a demandé Dominique Ducroquet, président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves), à Michel Barnier, mardi lors de l'assemblée générale de l'organisation à Paris.
«On ne peut pas soumettre une filière industrielle qui vient d'investir un milliard d'euros à des décisions annuelles prises à la va-vite pour des raisons uniquement budgétaires», a expliqué Dominique Ducroquet, en précisant qu'en France, l'éthanol est plus taxé que le gazole. La révision de la fiscalité des biocarburants dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2007 ferait passer la taxe touchant l'éthanol à 15,6 euros/gigajoule au lieu de 12,80 actuellement. Pour sa part, le gazole est taxé à hauteur de 11,9 euros/gigajoule.
Michel Barnier a assuré aux planteurs que les mesures prises en matière de fiscalité ne compromettraient pas la filière. «Nous irons plus loin d'ici à trois à cinq ans et je souhaite que voient le jour des usines de démonstration sur les biocarburants de deuxième génération», a expliqué le ministre.
Autre sujet de préoccupation pour les planteurs: le règlement concernant le sucre. Dominique Ducroquet estime que la France souffre d'un manque de compétitivité industrielle. Une sucrerie française produit en moyenne 150.000 tonnes de sucre alors qu'aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suède, la taille des usines varie de 250.000 à 350.000 tonnes.
«Les planteurs sont prêts à accepter de s'éloigner des cheminées d'usine. Mais pour cela les industriels doivent clairement afficher qu'ils garderont à leur charge l'augmentation des coûts de transport de betteraves car ils seront couverts par la réduction des frais fixes liée à l'augmentation de la taille des usines et à des campagnes plus longues», a exposé le président de la CGB.
Il cite en exemple les Pays-Bas où le quota de production de 1 million de tonnes est réalisé dans seulement trois usines à 330.000 tonnes chacune, avec un rayon d'approvisionnement de 90 kilomètres, soit le double de la France. «Les betteraviers néerlandais sont payés 30 euros la tonne de betterave grâce aux gains de productivité des industriels», a détaillé Dominique Ducroquet.
Pour le syndicat betteravier, la restructuration est notamment nécessaire pour les usines au sud de Paris.