Global Bioenergies a annoncé jeudi la création d'une coentreprise avec Cristal Union, le deuxième producteur de sucre français, pour construire, d'ici à 2018, une usine de fabrication d'isobutène à partir de matières premières végétales. La start-up française de chimie verte, qui produit pour le moment cet hydrocarbure bio-sourcé sur son site pilote de Pomacle-Bazancourt (Marne), souhaite ainsi passer à une production à l'échelle industrielle et à la phase de commercialisation.
« Là, l'idée, ce n'est plus de valider des technologies, mais de vendre du produit », a expliqué à l'AFP Marc Delcourt, PDG de Global Bioenergies, au cours d'un entretien téléphonique. L'usine, d'une capacité de 50.000 tonnes d'isobutène, sera implantée « en France », sur un site qui reste encore à déterminer, a précisé le dirigeant.
Dans un premier temps, sa matière première sera « du sucre de qualité industrielle », mais par la suite « il n'est pas exclu qu'elle utilise d'autres ressources », telles que des céréales ou des déchets agricoles, a-t-il ajouté. Pour Cristal Union, cette usine est l'occasion de trouver de nouveaux débouchés à sa production. La plupart des groupes sucriers ont en effet fait part de leur intention d'augmenter leur production après la fin des quotas, en 2017, mais les débouchés traditionnels (sucre de table, alcool de bouche, bioéthanol) sont saturés.
« Accueillir de nouveaux partenaires sous forme d'augmentations de capital »
« Le développement d'une part de marché pour l'isobutène renouvelable ouvre des perspectives supplémentaires à l'agriculture française, et s'inscrit pleinement dans la politique d'augmentation des surfaces betteravières prévue par Cristal Union dans le contexte de la fin des quotas sucre », a ainsi commenté Alain Commissaire, directeur général du groupe coopératif, propriétaire de la marque Daddy, cité dans le communiqué commun des deux sociétés.
La coentreprise, baptisée IBN-One, est aujourd'hui détenue à parts égales par Global Bioenergies et Cristal Union, mais elle devrait « accueillir de nouveaux partenaires sous forme d'augmentations de capital », a précisé M. Delcourt, évoquant des « acteurs de la chimie ou des carburants » ou des fonds publics, français et européens. « Nous n'avons pas vocation à rester un actionnaire prépondérant dans IBN-One », a ajouté le dirigeant, rappelant que Global Bioenergies entendait se financer par la concession de licences d'exploitation de son procédé de fabrication d'isobutène.
L'ingénierie de l'usine devrait coûter environ 15 millions d'euros, tandis que l'investissement nécessaire à la construction et au démarrage du site est « de l'ordre de 100 millions d'euros ».