Le Crédit Agricole a renoué ce trimestre avec des niveaux de résultats plus vus depuis la crise de 2011, tant au niveau des caisses régionales que de l'entité cotée Casa - une publication toutefois mal accueillie en Bourse jeudi.
Casa a vu son bénéfice net bondir de 15% au troisième trimestre, à 930 millions d'euros, quand le groupe Crédit Agricole, qui intègre la totalité du résultat des caisses régionales, voit le sien progresser de 14%, à 1,75 milliard d'euros - voir ici le communiqué financier diffusé le 5 novembre 2015.
« Le Crédit Agricole retrouve la zone de ses plus hauts historiques », avec son résultat le plus haut depuis le premier trimestre 2011, a commenté Philippe Brassac, directeur général de Casa, lors d'une conférence téléphonique. « Ces performances traduisent notre stratégie de banque universelle de proximité », s'est-il félicité, soulignant également la solidité financière du groupe, « banque la mieux capitalisée en France ».
Le groupe a bénéficié ce trimestre d'une très forte hausse de la contribution des sociétés mises en équivalence, notamment celle liée à sa participation dans la société d'investissement Eurazeo, qui s'élève ce trimestre à 189 millions d'euros.
Les métiers voient leur produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) progresser de 1,8%, porté par l'épargne et l'assurance. Parallèlement, les charges baissent légèrement (-0,6%), tout comme le coût du risque (provisions passées pour couvrir les risques d'impayés sur les crédits, (-26%) hors exceptionnels.
En France, le groupe revendique une augmentation de ses parts de marché en banque de détail, avec hausse des ouvertures de comptes et des encours de crédit. A l'international, la banque de détail voit son bénéfice net bondir de 39%, avec un net redressement en Italie.
Plutôt confiant pour Amundi
Le pôle gestion de l'épargne et assurance - dans lequel se trouve notamment le gestionnaire d'actifs qui va entrer en Bourse, Amundi - a dégagé un bénéfice net en hausse de 8,6%, à 438 millions d'euros.
Sur l'introduction en Bourse d'Amundi, dont la première cotation doit avoir lieu le 12 novembre, le directeur général adjoint de Casa, Jérôme Grivet, s'est dit « plutôt confiant » malgré le contexte de marché compliqué. « L'opération se déroule bien », a-t-il ajouté, indiquant que, s'il y avait eu des informations confirmant que le livre d'ordres était d'ores et déjà rempli, il préférait attendre la fin de la période d'offres pour faire plus de commentaires.
Seul métier en baisse, la banque de financement et d'investissement (BFI) a vu son résultat net reculer de 2,7%, à 256 millions d'euros. « La faiblesse de la banque de financement et d'investissement n'est pas compensée par la banque de détail », jugeaient dans une note les analystes de RBC Capital Markets.
A la Bourse de Paris, le groupe était lourdement pénalisé, chutant de plus de 6% vers 11H30, à 11,05 euros, dans un marché en hausse de 0,59%.
La banque a passé ce trimestre une provision de 20 millions d'euros, une première étape liée à la mise en place du plan de remédiation exigé par les autorités américaines, après le règlement du litige sur les violations d'embargo à la fin octobre. Si elle a dû s'acquitter d'une amende de 787 millions de dollars, la pénalité n'affectera pas les comptes grâce aux provisions déjà constituées. Le coût total du plan de remédiation n'a en revanche pas été encore chiffré. « Nous ferons tout pour que ce plan de remédiation soit le plus positivement utilisé ; nous ne le prenons pas comme un centre de coût mais comme un investissement stratégique », a commenté Philippe Brassac.
Dominique Lefebvre élu à la présidence
M. Brassac a par ailleurs salué l'élection, par le conseil d'administration de Casa, de Dominique Lefebvre à la présidence du groupe, un « événement unique depuis 30 ans », M. Lefebvre étant également président de la Fédération nationale du Crédit agricole (FNCA) et de la SAS La Boétie. « Cette présidence commune est un élément extrêmement important dans la fluidité du pilotage du groupe », a-t-il ajouté, sans donner plus de détail sur l'avancement du projet de réforme de la gouvernance.