Les bons résultats de l'an passé en volaille de chair se confirment. L'enquête avicole des chambres d'agriculture (1), présentée le 3 décembre 2010 à Rennes, montre une consolidation des marges dans les principales productions avicoles.
La marge brute annuelle est de 37,2 €/m² en poulet d'exportation, 30,8 €/m² en poulet standard. Elle représente 31,4 €/m²/an en dinde et 31,9 €/m²/an en poulet de label.
La bonne tenue des marchés sur la grande exportation et la persistance d'un bon niveau de consommation de viandes de volaille sur le marché intérieur expliquent ces chiffres.
« Cela est également dû à une forte productivité, à des performances techniques honorables et, il faut bien le reconnaître, à la forte diminution du parc de poulaillers au cours de ces dernières années », constate Didier Goubil, président de la commission avicole régionale de la Bretagne.
« L'amélioration est spectaculaire en poulet d'exportation avec une évolution de +75 % sur cinq ans, confirme Christian Delabrosse, coordinateur de l'enquête. Dans cette production, le critère fondamental est la productivité. En cinq ans, elle est passée de 220 à 280 kg/m²/an grâce à une accélération des rotations et des densités. Parallèlement, les charges variables ont peu progressé si bien que la marge brute augmente. »
Coup de frein
Une embellie qui risque de vite retomber avec la mise en place de la directive relative au bien-être. La réglementation prévoit des seuils de densité maximale par bâtiment de 33 kg/m², puis 39 kg et 42 kg en contrepartie du respect de certaines obligations (lumière, ventilation, litière...).
D'après l'enquête, seuls 6 % des lots respectent le premier seuil, un tiers des lots sont au-dessus de 39 kg et un quart au-dessus de 42 kg. « Dès que l'on touche la productivité, on pénalise le revenu », confirme le technicien. Les éleveurs vont devoir trouver des solutions.
« Un premier enlèvement de poulets à 1,4 kg peut être une solution pour maintenir la productivité globale d'un lot », propose Jean Michel Choquet, président du Cravi Bretagne. En ce sens, le marché de l'exportation est un marché stratégique pour les producteurs.
D'autres menaces assombrissent l'horizon : la hausse du prix des matières premières qui aura inévitablement des répercussions sur les prix de détail et le renforcement des réglementations synonyme de hausse des charges.
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(1) enquête sur la période juillet 2009-juin 2010 auprès de 650 aviculteurs dans 21 départements de la Bretagne, desPays de la Loire, du Poitou-Charente, du Centre, de la Normandie, de la Picardie, du Nord-Pas-de-Calais.
Bretagne : « Une production inexistante dans 15 ans » Le parc de bâtiments continue de vieillir, les producteurs aussi. En dix ans, le nombre de poulaillers de plus de 20 ans a été multiplié par deux (48 %), le nombre de jeunes aviculteurs de moins de 30 ans a lui été divisé par deux (3,2 %). « A ce rythme, il n'y aura plus de production de volailles en Bretagne dans 15 ans, affirme Didier Goubil. Même si les marges s'améliorent, elles ne permettent pas de rentabiliser correctement un poulailler neuf. A terme, c'est la perte d'un savoir-faire, des outils d'abattage qui ne tournent pas à plein. Derrière tout cela, il y a un véritable enjeu de territoire. » |