La création d'un institut technique spécifique pour les abeilles divise les apiculteurs. L'Unaf, qui a appelé à manifester vendredi, reproche au nouvel organisme un manque d'indépendance vis-à-vis des industriels des pesticides, incriminés dans la surmortalité des abeilles.
La mise en place de cet « Institut technique et scientifique de l'abeille et de la pollinisation » est « un pas décisif » pour sortir de la crise apicole, a estimé de son côté, Joël Schiro, président du Syndicat des producteurs de miel de France (SPMF), lors d'une rencontre jeudi avec la presse. Car, sans cet institut, « comment répondre aux questions sanitaires et techniques ? », s'est-il interrogé.
Mais l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) voit dans la création de cet institut « la mainmise de l'agrochimie sur l'apiculture » et a appelé à manifester vendredi à Paris devant le siège de cet organisme.
La création de l'institut, où toutes les organisations apicoles sont représentées, fait suite à une recommandation du député de la Haute-Savoie, Martial Saddier (UMP), auteur d'un rapport sur la surmortalité des abeilles.
Pour l'Unaf, la surmortalité des abeilles est due principalement à l'utilisation de pesticides qui affaiblissent les défenses immunitaires de ces insectes. Elle craint que le conseil scientifique du nouvel institut de néglige cette piste.
Pour le SMPF, « il serait bien trop simple d'affirmer que c'est la cause unique de toutes les mortalités ». « Le vrai problème, c'est qu'on a en France sur les exploitations 30 % de bourdonneuses, des abeilles dont la reine est devenue stérile, ce qui entraîne la disparition des ruches », un phénomène que « personne n'est en mesure d'expliquer », assure-t-il.
Les divergences dans le syndicalisme apicole sont dues à « des clivages entre producteurs professionnels et amateurs », selon Yvon Garros, représentant du SPMF. Et « il y a une deuxième ligne de fracture » entre les apiculteurs prêts à « aborder leurs problèmes avec les agriculteurs » et ceux qui « n'ont qu'un seul objectif : que l'apiculture reste à part avec ses propres méthodologies », ajoute-t-il.
Selon lui, « le problème des intoxications ne peut se régler qu'avec les agriculteurs ».