Des équipes de chercheurs de l'Inra et du Cirad dans le cadre du projet duALIne se sont penchés sur les systèmes alimentaires dans le monde, en étudiant « spécifiquement la transformation, la distribution et la consommation », scrutant ainsi les « enjeux que pose l’aval des filières, de la sortie du champ à l’assiette du consommateur ».
Le principal enjeu pour les systèmes alimentaires de demain, rappelle l'Inra, sera de répondre à la demande croissante en nourriture d'une population en plein essor démographique tout en respectant des critères de durabilité (tant au niveau de la production que de l'acheminement et des modes de consommation, NDLR).
Lancé en novembre 2009 par ces deux organismes publics de recherche français, « l’atelier de réflexion stratégique duALIne » qui s'est achevé en juillet 2011, « permet de dresser un état des lieux des déterminants majeurs qui ont présidé aux évolutions passées des systèmes alimentaires, d’identifier les points critiques de ces systèmes, et enfin, de dégager des questions à la recherche pour de futurs programmes », expliqué l'Inra dans un communiqué.
Les observations des experts viennent en complément de la prospective Agrimonde « centrées sur les enjeux mondiaux liés à l'Agriculture », dans la mesure où elles ont couvert les systèmes alimentaires depuis la sortie de la ferme jusqu’à la consommation et l’élimination des déchets », précise l'Inra.
Les équipes de l'Inra et du Cirad se sont interrogées sur « la consommation alimentaire avec l’augmentation des calories d’origine animale et ses conséquences », sur « l’organisation des systèmes alimentaires en liaison avec les productions de chimie et d’énergie renouvelables », sur « les pertes et gaspillages » ou encore sur « l’impact des marchés internationaux sur la consommation ».
Leur approche a donné « un éclairage neuf sur certaines controverses ». La réflexion duALIne a permis en particulier aux chercheurs de noter « une faible relation entre la qualité nutritionnelle de l'alimentation et son impact carbone. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à l'alimentation, une baisse des quantités totales ingérées pourrait donc être plus efficace qu’une modification du type d’aliments consommés », précise l'étude.
Selon l'Inra et le Cirad qui ont appuyé leurs réflexions sur les résultats de l'étude sur les consommations alimentaires « Inca2 » (2005-2007), « ces premiers résultats, qui vont à l’encontre de bien des idées reçues, se doivent d’être vérifiés par des recherches approfondies ».
En clair, ces nouvelles considérations tordent le cou à des idées peut-être un peu trop facilement reçues : « La vision selon laquelle les produits végétaux sont bons pour la santé et l'environnement alors que les produits animaux seraient à la fois mauvais pour l'environnement et la santé apparaît simpliste et nécessite d'être reconsidérée », estiment ainsi les chercheurs.
Chez les hommes, plus gros mangeurs que les femmes, avec un régime carné bien plus important, l'impact carbone (4,7 kg/j en équivalent CO2 en moyenne) est le même quelle que soit la qualité de la nourriture, ont-ils remarqué. Quant aux femmes (3,7 kg/j en équivalent CO2) dont l'alimentation est plus riche en produits végétaux – réputés pour générer moins de gaz à effet de serre que les produits carnés et notamment les viandes rouges provenant de ruminants –, « celles qui mangent le mieux ont l'alimentation qui entraîne le plus d'impact carbone», a souligné Nicole Darmon, une des chercheuses de l'Inra qui a participé à l'étude.
Car pour compenser l'absence relative de viande, on mange des aliments peu impactants – yaourts, fruits et légumes, féculents – mais en grande quantité.
« Manger bien, c'est manger beaucoup d'aliments avec peu de densité énergétique », note-t-elle.
D'autres chercheurs ont étudié l'impact des gaspillages : « 20 % des aliments achetés sont jetés à domicile, 12 % étaient comestibles », a souligné Catherine Esnouf (Inra). Ou les problèmes de l'urbanisation : pour la distribution, « ce qui se joue dans les cinq derniers kilomètres est ce qui pèse le plus en matière d'impact sur l'environnement », a affirmé Bertrand Schmidt (Inra).
Le rapport de l'atelier de réflexion prospective Inra-Cirad duALIne « pour une alimentation durable dans les pays développés et en développement » est téléchargeable sur le site de l'Inra ou celui du Cirad. L'ouvrage de synthèse qui reprend cette « réflexion stratégique », paraîtra le 15 décembre aux éditions Quae (286 p., 32 euros).
Niveau d'analyse de l'étude et conclusion de l'article
mardi 13 décembre 2011 - 13h54
Attention : je crois qu’il y a une grave erreur entre le champ d’analyse de l’étude et les conclusions portées par cet article. En effet, comme cela est préciser au démarrage, l’INRA et le CIRAD se sont penchés « spécifiquement la transformation, la distribution et la consommation », scrutant ainsi les « enjeux que pose l’aval des filières, de la sortie du champ à l’assiette du consommateur ». Ainsi, il n’y a pas prise en compte de la culture en elle-même ou de l’élevage en lui-même. Et c’est cela qui crée l’énorme différence environnementale ! Car pour produire de la viande, il faut des surfaces et/ou des cultures. Or en équivalent énergétique, pour 1kg de viande consommé, il faut compter entre 10 et 20 fois ce poids consommé par l’animal. Cela s’explique par la croissance de l’animal, sa durée de vie, son alimentation et son efficience dans la consommation des aliments, la chaleur qu’il produit pour se chauffer, l’énergie de son déplacement… En conclusion, il n’y a peut-être pas de différence sur le transport, mais il y en a toujours une sur la production !