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Alimentation/Monde

Un boulevard s'ouvre aux agricultures américaines (Cirad)

Publié le mardi 24 février 2015 - 16h35

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RODOLPHE GOUPIL
RODOLPHE GOUPIL

La hausse des besoins alimentaires mondiaux d'ici à 2050 profitera essentiellement aux exportations agricoles sud- et nord-américaines, pronostique une étude du Cirad (1) rendue publique le 24 février 2015. L'Europe resterait globalement déficitaire, bien que son climat tempéré constitue un atout pour la stabilité de sa production et sa présence durable en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

 

Selon cette étude, réalisée à la demande de l'association Pluriagri (2), la demande mondiale de calories végétales issues de la biomasse alimentaire, destinées à des usages alimentaires et non-alimentaires – notamment les biocarburants (3) –, devrait augmenter d'environ 60 % d'ici à 2050. La croissance de cette demande « serait très contrastée selon les régions. Elle ferait plus que doubler en Afrique subsaharienne (+160 %) et dépasserait 70 % dans la zone Afrique du Nord et du  Moyen-Orient, et en Amérique latine, contre environ 50 % en Asie et moins de 20 % en Europe. »

 

 

L'Asie en manque de produits animaux

 

Deuxième idée force, « la production alimentaire ne pourra pas suivre dans toutes les régions la croissance de la demande, d'où l'importance cruciale des échanges ». L'Afrique subsaharienne « devra probablement accroître fortement ses importations nettes de calories alimentaires végétales (+130 %) et animales (+250 %) pour satisfaire l'expansion de la consommation. Il en serait de même en Afrique du Nord et Moyen-Orient, qui resterait la région du monde la plus déficitaire en calories alimentaires végétales, et en Asie, qui aurait le plus gros déficit en calories alimentaires animales en 2050. »

 

Troisième idée, « le continent américain serait le mieux positionné pour répondre à l'essor des échanges alimentaires mondiaux ». L'Amérique latine, « qui dispose d'un gros potentiel d'extension des surfaces cultivées, devrait multiplier ses exportations nettes de calories alimentaires végétales par 2,6. Elle fournirait ainsi, en 2050, près de la moitié des exportations nettes des régions exportatrices nettes de calories alimentaires végétales, devant l'Amérique du Nord (30 %). Cette dernière resterait la première région exportatrice nette de calories alimentaires animales, avec environ la moitié des exportations nettes globales. »

 

 

Pas d'autosuffisance pour l'Europe

 

Selon l'étude, « l'Europe connaîtrait une évolution inverse, puisqu'elle verrait son déficit en calories alimentaires végétales augmenter de plus de 90 %, à cause de besoins croissants pour les débouchés alimentaires et non-alimentaires (biocarburants). Elle subirait de plus une réduction de son excédent des échanges de produits animaux, en équivalent calories. L'Europe demeurerait ainsi globalement déficitaire pour ses échanges de produits alimentaires, avec un ratio d'autosuffisance en calories alimentaires avoisinant 90 % en 2050, soit pratiquement le même niveau qu'au début des années 1960. »

 

Conclusion – politique – de Pluriagri : « Pour que l'Europe puisse contribuer pleinement aux équilibres alimentaires de la planète, elle doit mettre en œuvre des politiques publiques favorisant une agriculture productive et durable, alliant efficacité économique et durabilité environnementale en privilégiant l'innovation. Une Europe agricole forte est indispensable à l'amélioration de la sécurité alimentaire mondiale. »

 

_____ 

(1) « L'Europe dans le système alimentaire mondial : un scénario pour 2050 adossé aux projections de la FAO » – Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

(2) Pluriagri réalise des études prospectives sur les marchés et les politiques agricoles. Elle regroupe des entreprises et des organisations des filières des betteraves (ARTB, CGB), céréales (Unigrains), huiles et protéines végétales (Avril, Onidol) et Crédit Agricole SA. 

(3) En 2050, 6 % des utilisations mondiales de calories alimentaires végétales seraient dévolues à la fabrication de biocarburants de première génération, contre 3 % en 2006, prévoit le Cirad.

 

B.C.


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Les commentaires de nos abonnés (5)
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quelle chance

mercredi 25 février 2015 - 14h08

et moi le vieux continent pendant ce temps la je tournais la manivelle . La cigale et la fourmi en France A j’oubliai on mange quoi crocodile40
commentaires agriculteurs

crocodile40
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Le plus difficile sera de convaincre toux ceux qui n'y croient pas

mercredi 25 février 2015 - 08h48

Ce n'est pas le monde agricole qu'il faut convaincre de cet état de fait. Malheureusement nous ne sommes pas partis sur cette voie. Je crains même que la situation s'aggrave avec toutes les contraintes imposées par BRUXELLES mais pas seulement. Nos ''VERTS'' de chez de nous œuvrent déjà beaucoup pour une régression de la situation.

sécurité alimentaire pour l'UE

mercredi 25 février 2015 - 08h37

Face à ce climat de demande croissante sur le marché mondial et donc de risque de tension voir de pénurie, l'UE a tout intérêt à rééquilibrer ses productions en fonction de ses besoins. Il est dangereux de continuer à exporter des céréales quand notre déficit en protéines végétales est deux fois supérieur à nos exportations de blé. De plus, produire pour le marché européen serait, pour les agriculteurs, plus rémunérateur que de se battre avec les moins-disant sur le marché mondial. Cette étude a le mérite de rappeler le déficit de la production agricole européenne qui est une constante alors que l'on a voulu nous faire croire depuis 30 ans que l'UE est excédentaire, dans un double but : baisser les prix pour les industriels et désintensifier pour les écolos...
commentaires agriculteurs

Robindeschamps
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et ça continue

mardi 24 février 2015 - 22h21

*Le CIRAD a déjà dit tellement de bêtises qu'il peut bien continuer à en dire d'autres. Ces prévisions hautement fantaisistes ne servent à rien, mais ne font de mal à personne, sauf au porte-monnaie de ceux qui les financent ( peut-être qu'indirectement moi aussi je les finance, et là je le regrettte
commentaires agriculteurs

caumont
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Oui mais...

mardi 24 février 2015 - 19h43

Si nous avons encore assez de carburants pour transporter les denrées à travers le monde ??? Si nous avons encore assez d'argent pour importer ??? Si il sera encore possible de respirer dans un contexte de pollution outrancière ???
commentaires agriculteurs

berber40
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