Le rapporteur des Nations unies pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, craint une période de « prix alimentaires élevés et volatils » qui exigeront des réponses « plus énergiques » de la part des Etats, prédit-il au dernier jour de son mandat.
Pour M. De Schutter, interrogé par le quotidien Le Monde, les crises comme celle de 2008, déclenchée par une flambée des cours des céréales, risquent d'autant plus de se répéter que « les facteurs structurels de déséquilibre perdurent », parmi lesquels « l'augmentation de la consommation de protéines animales et d'agrocarburants » et « notre incapacité à traiter le problème du gaspillage » dans les systèmes agroalimentaires.
Dressant le bilan de ses deux mandats, M. De Schutter estime que le « modèle agricole fondé sur des intrants (engrais et pesticides) et dépendant de l'industrialisation toujours plus poussée de l'agriculture est à bout de souffle » et prône « un changement de cap vers l'agroécologie ».
Il critique l'OMC (Organisation mondiale du commerce), « la seule (des grandes organisations internationales) qui n'a pas fait sa mue vers la reconnaissance de la nécessité pour chaque pays d'assurer sa production alimentaire » : « L'OMC continue de défendre un système dépassé basé sur la division du travail et la répartition des productions agricoles », accuse-t-il.
Mais, contre la faim et la malnutrition, le rapporteur « ne croit plus qu'il faille attendre que les gouvernements agissent d'eux-mêmes : les blocages sont trop nombreux, les pressions trop réelles et les acteurs faisant obstacle au changement trop puissants ».
Après six ans et deux mandats, M. De Schutter cède mercredi la place à une universitaire turque, Hilal Elver, spécialiste des questions d'environnement et de droits humains, enseignante et chercheuse à l'Université de Santa Barbara en Californie.