Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a présenté le mercredi 18 mai 2011 un rapport d'étape sur les engagements du G8 en faveur de l'aide au développement à plusieurs ONG, qui dénoncent la mise en avant d'une « comptabilisation malhonnête », a-t-on appris auprès d'elles.
Une semaine avant le sommet du G8 prévu à Deauville, ce rapport sur « les engagements du G8 sur la santé et la sécurité alimentaire » fait le point sur l'état d'avancement de l'aide promise lors de différents sommets (Gleneagles en 2005, L'Aquila en 2009 et Muskoka en 2010).
Concernant l'aide agricole promise au sommet de L'Aquila, en Italie, « le rapport nous dit que 53 % des sommes promises ont été juridiquement engagées », a indiqué Guillaume Grosso, directeur de ONE France, l'ONG du chanteur engagé Bono, également présent à la réunion.
Mais pour le moment « seulement 22 % des engagements pris à L'Aquila ont été effectivement décaissés », a-t-il insisté.
Pour Isabelle Brachet, chargée de la campagne G8/G20 à Peuples solidaires-ActionAid, citée dans un communiqué, « ce rapport est séduisant en apparence, mais on ne voit pas en quoi les sommes présentées vont permettre de nourrir le milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde ».
« Les chiffres publiés par le G8 sont volontairement gonflés pour donner l'impression que ses membres ont tenu leurs promesses, alors que peu de pays ont réellement précisé où est allé l'argent, et en quoi il a été utile. L'Union européenne et le Japon n'ont pas même pris soin d'indiquer quel était le montant des aides versées », ajoute l'ONG.
Le rapport « inclut dans ces sommes le financement d'aides au transport ou au déminage. Des dépenses qui ne relèvent nullement de l'aide à l'agriculture », selon l'analyse de Peuples solidaires-ActionAid.
L'ONG demande notamment de « rendre publiques toutes les données indiquant où et qui reçoit réellement l'aide, pays par pays ». Elle souhaite aussi que le G8 s'engage à verser l'intégralité des 22 milliards de dollars promis en 2009 à L'Aquilla (Italie) et à « augmenter significativement l'aide à l'agriculture » au-delà de ces engagements.