L'introduction illégale de viande d'agneau génétiquement modifiée dans la chaîne alimentaire est la conséquence d'« un acte inadmissible » mais ne présente « aucun risque » pour le consommateur, a assuré mardi devant la presse le président du centre de l'Inra de Jouy-en-Josas (Yvelines).
« La consommation de cette viande ne présente aucun risque pour la santé du consommateur », a insisté Benoît Malpaux en rapportant les conclusions de l'expertise toxicologique conduite à la suite de la découverte de cette affaire, le 5 novembre 2014 par le centre de recherches. Expertise qu fait l'objet d'un avis rendu public mardi par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
« Nous avons la certitude que des actes individuels inadmissibles ont été commis », « une succession d'erreurs et de responsabilités dans toute la chaîne hiérarchique », a dénoncé le président de l'Institut, qui vient de signaler cette infraction au code de l'environnement au parquet de Meaux. Le procureur de la République a transmis l'affaire au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris, selon une source judiciaire.
Rubis, une agnelle née d'une brebis génétiquement modifiée dans le cadre d'un programme de recherche médicale sur l'infarctus du myocarde, a été amenée avec des animaux normaux à un abattoir francilien avant d'être vendue à un particulier non identifié à la fin de 2014. Contrairement à sa mère, la jeune femelle n'était pas porteuse de la protéine de méduse, une protéine fluorescente verte.
L'animal placé dans un mauvais enclos
Les faits se sont déroulés en août 2014, mais n'ont été découverts qu'en novembre par le centre. Ils ont été volontairement « dissimulés pendant trois mois par les personnes qui étaient directement concernées par l'entretien des animaux », notamment un technicien animalier et le responsable des activités expérimentales sur les bovins, ovins et caprins, a fait savoir le président du centre.
« L'erreur qui a été commise a été de déplacer cet animal » de son enclos vers celui qui abritait des animaux destinés à l'abattoir. Le technicien animalier, qui est toujours en service, a été mis en cause dans l'enquête administrative. « Son responsable hiérarchique a lui aussi commis une erreur. » Il a reconnu les faits et a été suspendu provisoirement, a précisé M. Malpaux. Un conseil disciplinaire se tiendra au début de juillet et pourra aboutir à des sanctions.
« Les fins, le mobile, nous ne les connaissons pas précisément », mais « l'ambiance qui régnait au sein de cette équipe » peut être à l'origine de ces comportements, selon le dirigeant. « Nous assumons pleinement nos responsabilités dans cette affaire », a assuré M. Malpaux.
Des mesures ont été prises, notamment la suspension « en urgence » de la vente de toute viande sur ce site et l'arrêt de l'expérimentation avec les animaux OGM. Un plan d'action va être mis en place par l'Inra au niveau national pour « renforcer les contrôles », et en particulier permettre « une identification beaucoup plus explicite des animaux qui font l'objet de manipulation génétique ».
L'affaire a été révélée mardi par le quotidien Le Parisien alors que les OGM continuent de susciter une profonde méfiance en France.