La FAO juge « inadmissible » la famine qui sévit dans la Corne de l'Afrique et appelé la communauté internationale à non seulement financer l'aide d'urgence mais aussi des investissements agricoles de long terme afin d'éviter la répétition de telles crises alimentaires.
« Il est inadmissible qu'à notre époque, avec les ressources financières, les technologies et l'expertise à notre disposition, plus de 12 millions de personnes risquent aujourd'hui de mourir de faim », a déclaré, jeudi, Jacques Diouf, directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome.
« Des plans d'investissement complets et déjà approuvés sont disponibles, mais c'est leur financement qui fait défaut. Si les gouvernements et leurs partenaires donateurs n'investissent pas maintenant, la famine épouvantable que nous tentons de combattre maintenant reviendra et ce sera une honte pour la communauté internationale », a-t-il ajouté.
Il participait à une réunion technique de suivi sur la sécheresse et la famine dans la Corne de l'Afrique, destinée à préparer notamment la conférence de l'Union africaine qui doit réunir des pays donateurs à Addis Abeba le 25 août 2011.
Jacques Diouf a notamment préconisé « la construction de canaux d'irrigation », soulignant qu' « il ne s'agit pas d'ouvrages avec des coûts exorbitants, ce sont des petites choses qu'on peut faire ».
Le directeur général de la FAO a aussi cité le creusement de puits sur les chemins empruntés par le bétail, l'amélioration des routes, des systèmes de stockage des récoltes, évoquant des pertes allant jusqu'à « 40 à 60 % » de la production et a demandé que la part de l'agriculture passe dans les budgets des Etats africains d'une moyenne de 5 % à 10 %.
Lundi, l'ONU avait lancé un appel d'urgence à davantage de contributions à son fonds de lutte contre la famine dans la Corne de l'Afrique, pour lequel l'organisation juge nécessaires des aides de 2,4 milliards de dollars mais qui n'a recueilli que 1,3 milliard jusqu'à présent.
Mercredi, les membres de l'Organisation de coopération islamique (OCI) se sont engagés à Istanbul à verser 350 millions de dollars à la Somalie.
« Il faut préparer la prochaine campagne agricole. Les pluies vont arriver en octobre. Le seul moyen d'existence des ménages sont leur bétail et leurs champs, (...) alors il faut les aider à rester », a déclaré pour sa part Cristina Amaral, directrice des opérations d'urgence de la FAO, revenue récemment de Somalie.
Mme Sally Kosgei, ministre de l'Agriculture du Kenya qui accueille un grand nombre de réfugiés, a souligné que son pays, « où 60 % des terres sont arides ou semi-arides », souffre aussi de la sécheresse, « les familles perdent leur bétail et la situation est aggravée par l'arrivée des réfugiés ».
Le Kenya « ne se plaint pas », il a des programmes mais « nous ne pouvons pas les financer », a-t-elle dit. « Le monde doit se réveiller » pour éviter de nouvelles famines, « nous avons les projets, il nous manque les infrastructures », a ajouté Mme Kosgei, en citant la construction de digues, la diffusion de céréales résistant au manque d'eau.
La sécheresse qui sévit dans la région, la pire depuis soixante ans, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et menace 12 millions de personnes en Somalie, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda.