De 150 à 200 salariés des abattoirs normands en grande difficulté AIM ont manifesté mardi leur colère devant le siège de leur actionnaire, la coopérative Cap 50, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des « accusations sans aucun fondement », rétorque Cap 50.
« Cap 50 nous a saignés », « AIM = Gens bons enfumés », « Cap 50 désosseurs d'entreprises », « AIM : salariés en colère », pouvait-on lire sur des banderoles accrochées aux grilles du siège de cette coopérative qui est le principal actionnaire et le principal fournisseur de l'entreprise, à Saint-Ebremond-de-Bonfossé (Manche), près de Saint-Lô.
Venus à bord de trois cars, les salariés de Sainte-Cécile, siège et abattoir principal d'AIM, à une demi-heure de Saint-Lô, ont allumé des fumigènes et lancé des œufs sur le bâtiment. Ils ont aussi planté des croix blanches devant, peint le slogan « voleurs » en lettre rouge sur les fenêtres et déversé de la sciure à cochons.
L'abattoir de Sainte-Cécile, qui emploie environ 400 personnes, est menacé de fermeture totale après le retrait, lundi, d'une offre annoncée jeudi dernier sur ce site qui aurait repris 118 personnes.
Le dilemme de l'éleveur-actionnaire
« Le problème, c'est que nos principaux actionnaires sont aussi nos fournisseurs de porcs. Il faut que Cap 50 baisse le prix auquel ils vendent le porc à AIM » pour ne plus « faire fuir » les repreneurs, a déclaré Aurélie Balleroy, déléguée de la CGT à l'abattoir de Sainte-Cécile. « Nous avons informé le procureur de faits pouvant relever d'abus de biens sociaux (par Cap 50) », a en outre indiqué l'avocate des salariés Elise Brand à l'AFP. Cap 50 est notamment accusée d'avoir fait perdre 22 millions d'euros en quatre ans à AIM en obligeant l'entreprise à vendre sa viande moins chère qu'elle ne l'achetait à la coopérative.
Interrogé par l'AFP, le procureur de la République de Coutances, Renaud Gaudeul, a confirmé avoir reçu un « courrier » d'un représentant des salariés d'AIM faisant état de telles accusations. Le parquet n'a pas encore décidé quelle suite il donnerait à ce « courrier ».
Les salariés accusent aussi les éleveurs d'avoir empoché des subventions publiques au détriment d'AIM.
Le directeur de Cap 50, Olivier Remigereau, apparemment quasi seul dans le bâtiment, a reçu des syndicalistes mais il n'a pas souhaité répondre à l'AFP.
AIM emploie près de 600 personnes au total. Son principal autre abattoir emploie 179 personnes à Antrain (Ille-et-Vilaine). Cet autre site fait l'objet de deux offres, l'une reprenant 107 salariés, l'autre 71. Le tribunal de commerce de Coutances doit examiner ces offres le 6 mars. Cap 50 a racheté AIM en 2003 aux fondateurs de l'entreprise qui partaient en retraite.
« Des accusations sans fondement » (Cap 50)
« La coopérative d'éleveurs Cap 50 comprend le désarroi et la colère des salariés d'AIM. L'ensemble de la filière porcine française est sinistrée, que ce soit sur l'abattage ou chez les producteurs », écrit Cap 50 dans un communiqué du 24 février 2015.
« Depuis le début de la procédure de redressement judiciaire d'AIM, Cap 50 et ses éleveurs font face à des accusations sans aucun fondement. Cap 50 tiendra bien entendu à la disposition de la justice tous les éléments permettant de démontrer sa pleine bonne foi. »
« Depuis 2003, les éleveurs regroupés au sein de la coopérative Cap 50 se sont toujours employés à soutenir l'activité de l'abattoir, y compris pendant la procédure en continuant à l'approvisionner. »
« Les investissements importants réalisés par les éleveurs ont permis de produire un porc de qualité permettant une différenciation des produits par rapport au porc basique européen. Il pouvait constituer l'argument commercial le plus efficace de l'abattoir. Les prix perçus par les éleveurs de Cap 50 correspondent à ce qui est proposé par les autres acteurs concurrents et ne sont pas en décalage. »
« Cap 50 a également participé activement à la recherche et à l'étude de solutions de reprise. Si elle a rencontré à cette fin plusieurs interlocuteurs, discuté avec plusieurs intervenants et cherché des solutions d'adossement, les offres ont été abandonnées avant même que Cap 50 ne participe à une négociation sur l'approvisionnement. »
« Ces dernières années, le soutien par les éleveurs de Cap 50 a été encore important puisque ils ont financé une augmentation de leur capitalisation sur leurs deniers pour l'outil d'abattage dans un contexte conjoncturel également difficile pour les éleveurs », conclut le communiqué.
Pas concerné
mardi 24 février 2015 - 14h45
Mais je pense que les éleveurs de cap50, si ils sont actionnaires, ont mis de l'argent dans cette entreprise. et ils doivent vivre aussi de la vente de leur production. alors ces salariés leur reproche quoi? de vendre leur porc à un prix couvrant les coûts de production? Mais ce sont tous les éleveurs de France qui devraient pouvoir vendre à des prix couvrant les coûts de production! Et- pourquoi ces salariés ne réclament pas d'être payés au tarif horiare des salariés d'Europe de l'est, au moins leur abattoir survivrait. pourquoi ce serait toujours à l'agriculteur d'être compressé par les prix? Pourquoi ces salariés n'ont ils pas choisi d'être patron et de racheter un abattoir? ils pourraient acheter le porc au prix qu'ils veulent (si ils trouvent des vendeurs) et le vendre au prix qu'ils veulent (si ils trouvent des acheteurs)