Une partie de l’exploitation de 250 ha de Cyrille Milard s’étend sur le bassin versant de l’Ancœur, où plusieurs captages alimentent la ville de Nangis, dans la Seine-et-Marne. Depuis 2007, il a souscrit une mesure agroenvironnementale (MAE) sur 88 hectares. Le jeune agriculteur s’est engagé à réduire progressivement jusqu’à 50% son utilisation de produits phytosanitaires hors herbicides, en fonction d’une référence de départ définie selon un indicateur de fréquence de traitement (IFT). Il s’agit de la somme pour tous les traitements de la dose appliquée divisée par la dose homologuée. Dans la Seine-et-Marne, l’IFT de référence est 4,28. «Depuis quelques années, j’avais déjà une démarche de réduction de doses, témoigne Cyrille Milard. L’IFT calculé chez moi est inférieur, il est de 3,20. Des calculs d’IFT prévisionnels ont été réalisés sur les parcelles engagées pour voir jusqu’où je peux aller et la marge dont je dispose. Mais cela dépend aussi de l’assolement. Sur ces 88 ha, je cultive des pois, du maïs, des betteraves, du blé et de l’escourgeon. S’il y a beaucoup de betteraves et de maïs, diminuer l’IFT est plus facile car on emploie peu de fongicides. En 2006, je suis passé de trois fongicides sur blé à deux. Depuis trois ans, je n’ai pas fait d’insecticide sur blé, tandis qu’auparavant, j’en appliquais systématiquement un au dernier fongicide. Pour les premiers blés semés, j’achète des semences traitées au Gaucho pour éviter un traitement en végétation à l’automne. En 2007, j’ai essayé, sur 14 ha de blé, de descendre à un IFT de 2,14, soit une réduction de 50%. J’ai pris une grosse gamelle. Avec le printemps sec, j’avais prévu un seul fongicide un peu retardé. Mais j’ai subi une forte attaque de rouille et il était trop tard pour réintervenir. J’ai récolté 66 q/ha au lieu des 90 q/ha de potentiel sur cette parcelle. Si j’avais prévu deux fongicides dès le départ, la perte aurait été limitée à 10 q/ha. La compensation versée pour la MAE est de 90 €/ha. Avec un cours du blé à 100 €/t, je pouvais me permettre de perdre 12 ou13 q/ha. Mais avec la hausse des prix, la donne change! Ça peut passer en année classique, mais il faut se lancer dans une démarche plus globale de production intégrée. Ce que j’ai fait cette année sur 20 ha de blé.
Marges de manœuvre
Pour 2008, l’IFT doit être inférieur à 3. Mon IFT prévisionnel est 2,72, mais il me reste des marges de manœuvre. Je compte le baisser à 2,40 en utilisant un produit coformulé (Fandango) plutôt qu’un pack qui compte pour deux traitements. De plus, sur les 20 ha de blé conduits en protection intégrée, je ne mettrai pas de régulateur, alors que l’IFT a été calculé avec un passage de Cycocel. Enfin, deux insecticides sont prévus sur pois, mais ils ne seront peut-être pas nécessaires. En 2009, l’IFT devra être inférieur à 2,57, ce qui devrait être réalisable. Les deux années suivantes, il devra être inférieur à 2,14 et ce sera plus difficile. Si l’on baisse encore les doses, est-ce que ce sera encore efficace? Il y a un palier qui peut avoir des conséquences lourdes. Il faudrait avoir plus de souplesse. Si on doit réduire les doses de 40% mais que la pression des maladies est forte cette année-là, il devrait être possible de descendre à -30%. Je me suis engagé dans cette mesure pour voir si c’était faisable, évaluer les limites et, s’il le faut, dire que ce n’est pas réalisable. En revanche, j’ai choisi de ne pas souscrire l’engagement supplémentaire de réduction de 40% de l’IFT herbicides. Si l’on baisse trop les doses, des résistances vont apparaître. L’alternative est le désherbage mécanique, mais je n’ai pas le temps.»
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Pour calculer son IFT
par Isabelle Escoffier, Marie Le Bourgeois et Florence Mélix (publié le 28 mars 2008)
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