La publication jeudi au JO de l'arrêté suspendant la vente et l'utilisation du Mon 810 a été plutôt mal accueillie.
D'un côté les semenciers, Monsanto en tête, considèrent que la suspension du Mon 810 est «injustifiée» et «floue». «Le gouvernement ne fournit aucun fondement scientifique à l’appui de son arrêté de suspension. Et pour cause: aujourd’hui, les données scientifiques nouvelles requises par la législation européenne pour décider d’une telle suspension n’existent pas», souligne Jean-Michel Duhamel, président de Monsanto Europe du Sud dans un communiqué paru jeudi.
Les semenciers et les firmes phytosanitaires espèrent que «la loi relative aux biotechnologies laissera enfin aux agriculteurs le choix de produire avec ou sans OGM et permettra de mettre un terme à une situation qui, du fait de cet arrêté, est, à l’heure actuelle, particulièrement floue».
La Confédération paysanne se sent elle «trompée» par le gouvernement qui n'a pas décrété un «moratoire» de la culture du maïs OGM Mon 810 en 2008. «Nous avons été trompés lors du Grenelle de l'environnement. Le ministère de l'Ecologie a cédé aux pressions du ministère de l'Agriculture pour autoriser la coexistence des cultures OGM et non-OGM alors qu'il avait laissé entendre qu'il utiliserait la clause de sauvegarde pour ne pas autoriser la culture du maïs Mon 810 pendant toute l'année 2008», déclare le syndicat agricole.
La publication de ces deux textes le même jour «est assez étrange», commente de son côté Arnaud Gossement, porte-parole de France nature environnement (FNE). Ainsi, l'arrêté du ministre de l'Agriculture précise que l'interdiction aux agriculteurs d'acheter des semences de maïs Mon 810 «ne court que jusqu'au 9 février. Donc, imaginons que la loi ne soit pas votée au 9 février, cela n'interdira pas à l'agriculteur d'acheter et de semer du Mon 810», ajoute-t-il, dénonçant le «flou» de la situation.
Selon lui, le comité de préfiguration, «aura du mal à donner en deux mois un avis assis sur une expertise véritable», et le gouvernement pourrait alors décider d'attendre que la haute autorité se prononce sur le Mon 810. Or, il faut que cette instance soit créée par la loi, qu'il y ait ensuite un décret d'application et qu'elle soit installée, «cela peut prendre jusqu'à septembre 2008 et pendant de temps-là, on continue de cultiver, donc il y a un problème», s'inquiète-t-il. «Nous aurions préféré que le gouvernement écarte de manière franche et claire ce risque dès aujourd'hui», ajoute-il.
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